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Généalogie du génocide rwandais

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      Texte

      « On n’explique pas un génocide ». C’est par ces mots que Dominique Franche entraîne le lecteur dans une Généalogie du génocide rwandais. Non pas qu’il renonce à l’analyse, au contraire, mais parce que celle-ci ne saurait se limiter à une « explication », une causalité mécanique, qui présenterait le génocide des Tutsi (et le massacre de Hutu modérés) de 1994 sous les traits rassurants de la fatalité, de l’« inévitable » « guerre tribale » sur la « terre à massacres » que serait l’Afrique. En proposant, non pas un énième « pourquoi ? » plus ou moins définitif, mais un éclairage sur un aspect du « comment ? » - les origines historiques du racisme au Rwanda - l’auteur rappelle utilement que ce génocide était, précisément, « évitable ». Dès lors, la question essentielle est la suivante : « comment une catégorisation sociale qui ne paraît pas avoir posé problème au début du 20e siècle a-t-elle débouché sur une entreprise d’extermination raciste ? ». L’auteur, géographe à l’origine, puis historien, propose donc une synthèse de l’histoire coloniale du Rwanda et de la naissance dans ce contexte d’une idéologie raciale articulée autour des catégories « Hutu » et « Tutsi » qui lui préexistaient 1 , puis sa reprise par les élites rwandaises.

      La « guerre des races », ou les effets pratiques durables d’une théorie fausse

      Certes, sans faire « deux mille ans d’histoire » 2 , un retour sur l’histoire précoloniale s’impose. Ne serait-ce que parce qu’à cette époque, les termes Hutu et Tutsi existaient bel et bien. Mais loin d’y voir là quelconque « preuve » d’un atavisme tribal souvent présenté comme justification, Dominique Franche propose à juste titre de répondre à l’interrogation essentielle : « que voulait dire autrefois être hutu ou tutsi ? ». Hutu et Tutsi ne constituaient ni des races ni des ethnies, ni des castes ni des classes, mais des catégories sociales souples, produits d’une « logique sociale mouvante et agglutinante ». En effet aucun analyste sérieux ne qualifie d’« ethnies » ces deux groupes sociaux parlant la même langue (le kinyarwanda), pratiquant les mêmes religions, ayant une culture identique, vivant ensemble et se réclamant des mêmes ancêtres et des mêmes clans. De même ne sauraient être qualifiés en toute rigueur, de « castes » des groupes aux spécialisations professionnelles, certes, mais sans la rigidité qu’on leur a prêté, sans hiérarchie de la pureté ni endogamie. On ne saurait pas plus qualifier de « classes » des groupes dont l’auteur montre bien l’hétérogénéité interne, à la fois sociale et géographique, sans une quelconque conscience d’appartenance, à l’échelle du pays, à une même classe. En clair, être hutu ou tutsi n’était qu’une identification parmi d’autres. Les termes « ethnie » ou « race » n’existaient d’ailleurs pas en kinyarwanda, mais ont été introduits au Rwanda par le colonisateur européen et sa « manie classificatoire 3  ». Le mérite essentiel de l’auteur est donc de rendre justice à la diversité et la complexité des processus d’identifications 4 , prudence méthodologique et modestie dont ne s’embarrassaient guère les administrateurs coloniaux ou les Pères blancs (principalement français et belges).

      En effet la genèse du racisme au Rwanda ne peut se comprendre sans l’intrusion puis la domination coloniale. Celle-ci date du début du siècle et s’accompagne de théories raciales et de vision du monde en termes de « guerre des races ». Depuis l’Antiquité, cette région des Grands Lacs - sources du Nil - longtemps inaccessible, donne à rêver. Pour le colonisateur allemand, puis belge, la présence d’une monarchie organisée ne peut s’expliquer que par une origine non-africaine. Ainsi naît le mythe des « nègres blancs », d’une « race hamite » descendant de la lignée de Cham. La tradition biblique, de fantaisistes migrations lointaines 5 et de ridicules mesures anthropométriques sont évoquées pour prouver l’exogénéité de la composante tutsi (dont une certaine frange possède le pouvoir central contesté). Ce mélange d’exégèse biblique et de scientisme triomphant (la grille de lecture « biblio-anthropométrique ») a donné cours à des entreprises douteuses de mesure d’échantillons de populations. Or comme l’auteur le montre en des pages savoureuses, ces entreprises scientifiques des plus sérieuses pour l’époque, nous renseignent avant tout sur l’idéologie de leurs promoteurs, c’est-à-dire la saisine du monde social sur le mode du biologique, officialisée en 1931 par l’institution de la mention raciale sur la carte d’identité. Les politiciens hutu à la fin des années cinquante réclamaient d’ailleurs le maintien de cette mention :

      « comme quoi les Rwandais éprouvent plus de difficulté que les "experts" européens à distinguer Hutu et Tutsi.... Il n’en demeure pas moins que certains Tutsi sont reconnaissables, surtout les membres de l’ancienne noblesse, parce qu’ils sont plus grands, ont la peau parfois plus claire et des traits plus fins. Mais la plupart des populations présentent pareils contrastes. L’anthropologue qui mesura des Rwandais au milieu du siècle obtint une moyenne de 1,67 mètre pour les Hutu, contre 1,79 pour les Tutsi. Douze centimètres de différence, la belle affaire ! Sous le Premier Empire, Sénateurs et Pairs de France mesuraient en moyenne 1,74 mètre soit précisément... douze centimètres de plus que les conscrits de 1817. Oserait-t-on dire pour autant que bourgeois et nobles d’un côté, ouvriers et paysans de l’autre, formaient deux races ou ethnies différentes ? Et cependant, nobles et bourgeois se distinguaient aussi par leur peau blanche et fine ainsi que par leurs mains soignées. La différence des régimes alimentaires, des activités, des critères de choix du conjoint, suffit à rendre compte de ces oppositions dans le cas français. Pourquoi pas au Rwanda ? 6  »

      L’Europe ne pense alors (et depuis ?) l’Afrique qu’en termes ethnico-raciaux. Des logiques sociales autres et autrement plus complexes sont ramenées à un antagonisme racial : des tutsi-hamites, race noble, d’ascendance blanche, de grande taille et née pour gouverner, face à une population autochtone de « pauvres nègres », paysans bantous hutu, laborieux et par la suite « bons chrétiens 7 . » L’auteur montre bien à quel point cette lecture de dualité raciale s’inspire du modèle Francs vs Gaulois développée en France à la fin du 18e siècle, et greffée artificiellement sur l’histoire rwandaise par ceux qui ont la charge de l’enseignement et de l’administration du Rwanda colonial 8 .

      Il s’agit donc bien d’une élaboration théorique occidentale, ensuite reprise et traduite dans le répertoire culturel local par ceux des rwandais qui sont passés à l’école des Blancs. Les conséquences de cette lecture sont durables et bien connues : les Pères Blancs et l’administration favorisent une élite tutsi en raison de ses supposées qualités raciales supérieures pour gouverner, organiser le territoire à partir du centre et soumettre les régions périphériques réfractaires, cantonnant les rares scolarisés hutu dans des positions subalternes. Puis, les « soleils des indépendances » approchant, l’élite tutsi développe un discours laïc et anticolonialiste, suscitant un renversement total de politique du colonisateur qui favorise la création d’une contre élite hutue enfermée dans l’idéologie raciale. Cette dernière développe à la fin des années 1950 une révolution raciale censée mettre fin à la « domination étrangère », non pas tant belge que... tutsi. Le processus de décolonisation, pilotée par la Belgique, donne lieu au renversement de la monarchie, à des massacres et des représailles, provoquant l’exil de nombreux tutsi, qui tenteront par la suite de revenir les armes à la mains, servant de prétexte aux deux Républiques successives pour diaboliser la minorité tutsi (massacres massifs en 1959, 1964, 1973, apartheid légal etc.)

      Des communautés de la peur

      « S’il est vrai que les Hutu et Tutsi ne sont pas, et n’ont jamais été des ethnies, il n’en demeure pas moins qu’ils forment aujourd’hui deux communautés de la peur antagonistes dont l’existence ne peut être niée ». 9

      L’auteur donne les éléments de la création durable de ces communautés de la peur : la diabolisation progressive des tutsi (prétendu « complot hamite », presse extrémiste qui se déchaîne après 1990) et les massacres répétitifs sont essentiels dans le développement d’un sentiment d’impunité et d’une accoutumance. C’est la création par la violence et le crime de communautés difficilement réconciliables jusqu’à l’inédite et terrible implication finale en 1994 d’une grande partie de la population hutu dans le génocide 10 . Enfin, s’inspirant d’Agamben, l’auteur souligne la suppression des lieux d’asiles par l’État moderne 11 .

      L’auteur n’explique pas l’ensemble de la genèse politique et détaillée du génocide des tutsi, là n’est pas son objet, toutefois cette généalogie permet de rendre efficacement compte de ses conditions de possibilités. Or, à cet égard, la responsabilité de l’Europe est écrasante. Mais l’on pressent à juste titre que ce regard de l’Europe sur l’Afrique n’a pas totalement disparu... « Pourquoi cette persévérance dans l’erreur ? » s’interroge en effet Dominique Franche...

      Racisme de bon aloi

      « Il faut du temps pour se déprendre d’un discours dominant, martelé d’un vulgarisateur à l’autre, il faut du temps pour faire passer auprès du public le fruit de longues recherches (…). Malheureusement, pareille rupture ne se produit, trop souvent, qu’après un événement dramatique : la découverte des camps d’extermination a permis de disqualifier le racisme de l’anthropologie physique en Europe, sans pour autant parvenir à l’éradiquer. (…) Le drame rwandais et burundais devrait nous mettre en garde contre ce même racisme appliqué à l’Afrique. Il a fallu de la théorie pour que soit perpétré le génocide à la machette, et cette théorie venait d’Europe 12 . »

      Le dernier chapitre permet à l’auteur de montrer l’inanité et l’arrogance d’un discours occidental qui persiste à ne voir en l’Afrique que des « ethnies » et des « terres à massacres ». L’ignorance, la bonne conscience, et l’indifférence se conjuguent pour produire un discours de simplification des problèmes : « L’ethnie c’est l’autre, le sous-développé, l’inférieur : nous avons fait des guerres, ils font des guerres ethniques, car ces gens-là ne sont pas comme nous 13 . » Discours bêtes, et qui plus est, discours faux. Comme le rappelle l’auteur, « l’expression "guerre ethnique" s’appliquerait certainement davantage au conflit franco-allemand de 1914 qu’à la guerre civile rwandaise 14 . » Point de guerres ethniques donc, mais des guerres politiques, guerres de politiciens, d’officiers supérieurs et d’intellectuels, dont le génocide rwandais est la parfaite illustration. À d’autres certes, l’exécution...

      C’est l’ensemble de nos « Lumières » qui sont à revoir dans leur regard sur l’Afrique, tant les écrits depuis cette époque sont « accablants » 15 . Écrits et discours qui se prolongent de nos jours, dans l’ignorance de leur propre préjugé, ignorance et ridicule. Le rôle des Occidentaux ainsi souligné ne vaut pas blanchiment des concepteurs et exécutants du génocide, mais alimente utilement la réflexion et fait de cet ouvrage une synthèse équilibrée et impartiale. Mais le sérieux du propos, la rigueur de la réflexion critique, n’excluent nullement l’engagement de l’auteur dans le débat public 16 afin de restituer la complexité de processus sociaux que nos chroniqueurs médiatiques ou concepteurs, militaires ou politiques, de la politique africaine de la France seraient avisés de prendre en compte...

      Au final, dans cet ouvrage, le piège du « tout importé » est évité, tout comme celui, tout aussi intenable, d’une généalogie exclusivement rwando-rwandaise. À juste raison, si le leadership importe et les motivations des acteurs locaux sont essentielles à la genèse du drame, les effets des discours et pratiques coloniales, et leurs effets spécifiques dans ce cas rwandais, doivent être analysées. C’est un des mérites essentiels de cet ouvrage que de souligner ce qu’a été l’entreprise coloniale dans ce cas-là : une simplification binaire performative d’une vie sociale autrement plus complexe : « C’est la pensée raciste des colonisateurs, puis des élites acculturées qui a figé les identités africaines 17 . » Si la manipulation de l’« ethnicité » n’est pas propre au Rwanda, sa spécificité génocidaire marque la sombre entrée en modernité ce cette région des Grands Lacs, qui a tant fait (et fait toujours) fantasmer en Europe.

      S’il on peut regretter que la dimension instrumentale semble parfois écarter d’autres analyses possibles (en effet, la « lutte de deux élites pour le pouvoir » par la manipulation des identités, si elle est sans aucun doute un des ressorts essentiel, n’explique pas tout), et si, sur la forme, l’absence d’index est à déplorer, la lecture de cet ouvrage s’avère indispensable pour qui ne veut plus dire ni entendre dire n’importe quoi, comme c’est encore trop souvent le cas à propos de ce génocide, qui est notre contemporain à tous, et pour qui veut interroger sa propre réaction en 1994, ou plus généralement les ressorts profonds de sa propre ignorance volontaire quant à ce qui se passe « là-bas », « en Afrique ». 

      Ce texte a été publié parallèlement sur le site LDH Toulon.


      1.  L’auteur a déjà traité la question dans un excellent article publié en 1995. Cf. Dominique Franche, « Généalogie du génocide rwandais. Hutu et Tutsi : Gaulois et Francs ? », in Les Temps Modernes, No.582, mai-juin 1995, pp. 1-58.

      2.  Cf. J.-P. Chrétien, L’Afrique des Grands Lacs. Deux mille ans d’histoire, Paris, Aubier, 2000, pour une analyse élargie aux dynamiques régionales, sensible à la longue durée dans une veine braudélienne, tout en restant sensible aux ruptures, aux stratégies d’acteurs et à la greffe de l’idéologie raciale.

      3.  « À force de vouloir rapporter l’inconnu au connu, le savoir cartésien rend parfois impossible la compréhension d’une société. (…) à la différence des logiques sociales occidentales, qui sont devenues classificatoires depuis quelques siècles, la logique sociale du Rwanda était agglutinante. Là où nous essayons de ranger individus, mots et choses dans des catégories isolées et fixées une bonne fois pour toutes les Rwandais modifiaient leurs catégorisations suivant le contexte et la proximité. » (p 81-82). Cela n’est évidemment pas spécifique au Rwanda ni même à l’Afrique, mais relève de logiques sociales présentes universellement, dont relèvent par exemple les phénomènes de vendetta et les identifications antérieures à l’âge des nationalismes.

      4.  Qu’« hutu » et « tutsi » aient été des identités parmi d’autres se perçoit dans les termes même dont l’ouvrage abonde, qui spécifient toujours prudemment une particularité régionale et manifestent la diversité des présentation de soi, des identités toujours contextuelles : bakonge, bakiga, banyiginya, banyaduga, bahima, bagogwe, mpunyu, etc.

      5.  Ces migrations anciennes, souligne l’auteur, ne sont pas en soi à exclure, mais elles n’expliquent rien, et ne justifient rien : « Imagine-t-on des Français reprochant à d’autres leur ascendance romaine plutôt que gauloise ? » (p 72).

      6.  pp. 74-75.

      7.  Voir également, J.-P. Chrétien, « Hutu et Tutsi au Rwanda et au Burundi », et Claudine Vidal, « Situations ethniques au Rwanda », in J.-L. Amselle et E. M’Bokolo, Au cœur de l’ethnie, Paris, La Découverte, 1985, pp. 129-184.

      8.  Chez certains Pères Blancs conservateurs ou réactionnaires, « Francs, noblesse, monarchie, christianisme et civilisation formaient un bloc discursif cohérent et résistant » (p 22). C’est l’idée d’une noblesse conquérante d’ascendance franque, convertie avec Clovis au christianisme, régnant sur un peuple de gallo-romains, et créant à partir de l’Île-de-France, un royaume centralisé. La guerre entre les deux races produit la Révolution de 1789, révolution raciale voire « guerre ethnique » qui renverse et extermine la « race noble » : « La Révolution fut ainsi pensée comme la revanche de roturiers d’origine gallo-romaine contre les nobles d’ascendance franque, à l’époque et jusqu’aux événement de 1848, qui entraînèrent un déplacement de la grille d’intelligibilité de la société française vers l’explication par la lutte des classes » (p. 20). Cette représentation de la société - qui connut une brève résurgence sous Vichy - esquissée chez Étienne Pasquier (1567) et François Hotman (1573), et qui se retrouve dans les écrits de Boulainvilliers, Siéyès ou Guizot, fait des conquêtes et des invasions raciales le « moteur de l’histoire ». Aussi Desmoulins écrit-il dans La France libre (1790) : « Ceux qui se prétendent nos conquérants seront conquis à leur tour. La nation sera purgée, et les étrangers, les mauvais citoyens, tous ceux qui préfèrent leur intérêt particulier au bien général, seront exterminés », faisant écho à Siéyès, dans Le Tiers État, « Pourquoi ne renverrait-il pas dans les forêts de la Franconie toutes ces familles qui conservent la folle prétention d’être issues de la race des conquérants et d’avoir succédé à leurs droits ? La nation, alors épurée, pourra se consoler, je pense, d’être réduite à ne plus se croire composée des descendants des Gaulois et des Romains » (p. 19). Cf. aussi Michel Foucault, « Il faut défendre la Société », Cours au Collège de France, 1976 , Paris, Seuil-Gallimard, 1997.

      9.  p. 69.

      10.  Qui ne fait qu’accroître de façon dramatique le clivage entre les deux « communautés de la peur », encore renforcé par la suite par la sanglante guerre dans l’ex-Zaïre à partir de 1996.

      11.  Le rôle des camps de réfugiés dans cette région est à faire... car les guerres et rébellions de ces vingt dernières années trouvent souvent leurs acteurs dans ces camps de réfugiés (Museveni, Kagame, Kabila fils), ces marges des États où se joue leur souveraineté et où sont cantonnés les exclus de la citoyenneté, qui ne pensent pouvoir la retrouver que les armes à la main...

      12.  p. 90-91.

      13.  « Plus exactement on réduit le conflit à la prétendue ancestrale haine ethnique, ce qui est une manière de dire que nous ne pouvons pas en comprendre les raisons, puisque nous les civilisés nous ne raisonnons pas en ces termes » (p. 94). Pour ceux qui doutent encore de l’actualité et de la prégnance de ces représentations, il suffit de se reporter aux compte-rendus d’auditions de certains responsables français devant la Mission d’Information Parlementaire française sur le rôle de la France au Rwanda. Cf. également, « Les bons Hutus et les méchants Tutsis de Robert Galley », Le Monde, 15 mai 1995.

      14.  p 95.

      15.  Ainsi de la participation financière de certains philosophes aux entreprises esclavagistes, tel Locke, ou G. Washington, grand propriétaire d’esclaves. Cf. l’excellent article d’Eleni Varikas, « L’institution embarrassante. Silences de l’esclavage dans la genèse de la liberté des modernes », in Raisons Politiques, No.11, août 2003, pp. 81-96.

      16.  Dans l’esprit de la collection « Tribord » qu’on peut féliciter de proposer la réédition de cet ouvrage initialement publié aux Mille et Une Nuits.

      17.  p 84.

      Smith Etienne
      Wormser Gérard masculin
      Généalogie du génocide rwandais
      Smith Etienne
      Département des littératures de langue française
      2104-3272
      Sens public 2004-09-20

      Les Tutsis et les Hutus vivaient sur le même territoire, parlaient la même langue, pratiquaient une même religion et partageaient la même culture. Être hutu ou tutsi était un fait purement social. Il ne s’agissait donc pas de deux groupes ethniques. Et pourtant les Européens, en quelques dizaines d’années de colonisation, sont parvenus à imposer une vision ethnique de la société rwandaise — apportant leur soutien aux Hutus à partir des années 60, après avoir favorisé les Tutsis. Une racialisation à l’origine des conflits politiques qui ont engendré le génocide de 1994. C’est ce que nous montre Etienne Smith dans cette présentation de l’ouvrage de Dominique Franche, "Généalogie du génocide rwandais", Paris, Tribord, 2004.