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Les élections locales de mai 2006 en Angleterre : un révélateur de l'échec du New Labour

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        51 articles
      Texte

      Une défaite pour le New Labour

      Le parti travailliste : du désenchantement au recul

      La dynamique globale d’échec est sans appel. 4 360 sièges répartis dans 176 conseils municipaux étaient en jeu à travers l’Angleterre. 40% des sièges étaient concentrés à Londres, dont votaient l’ensemble des 32 arrondissements. Au-delà de 200 sièges perdus, la défaite du Labour était annoncée comme indéniable. Avec 319 sièges et 18 conseils en moins, sa déconvenue est sévère, d’autant plus que les conservateurs ont gagné 316 sièges. Pareille claque aux élections locales n’avait pas été subie depuis 1968. Au total, avec 40% des suffrages le Parti conservateur relève la tête, à 27% les Démocrates libéraux piétinent, et le British National Party (BNP) d’extrême droite réussit sa percée. Avec à peine 26% des suffrages exprimés, les travaillistes figurent en piteux troisième.

      Le cas de Londres symbolise ce repli. C’est à Londres que le New Labour essuie ses pertes les plus lourdes. Alors qu’il y dirigeait 15 des 32 conseils, il s’est vu surclassé dans 10 d’entre eux. Certains conseils (quartiers Hammersmith et Croydon) ont viré conservateurs pour la première fois depuis 1968. La situation d’alors rappelle d’ailleurs celle d’aujourd’hui : gouvernement travailliste en fin de course (Harold Wilson), promesses non tenues, impôts trop élevés, tensions raciales, division du parti. Loin d’exprimer leur reconnaissance à Blair pour avoir décroché les Jeux Olympiques pour Londres en 2012, les Londoniens ont manifesté leur mécontentement face à une qualité de vie toujours plus dégradée : transports insupportables, insécurité croissante, coût de la vie exponentiel. Les gagnants du scrutin ont prospéré sur les manquements multiples du New Labour : gains conservateurs dans les beaux quartiers ; émergence du mini-parti Respect, hostile à l’intervention en Irak, auprès des communautés musulmanes (quartier Tower Hamlet) ; et surtout, implantation inquiétante de l’extrême-droite dans les zones ouvrières de l’Est londonien populaire (arrondissements de Barking et Dagenham), où le BNP récupère pas moins de 11 sièges.

      Certes, ce recul reste relatif. La consultation n’a porté que sur un quart des sièges, de surcroît pour la seule Angleterre. Un scrutin incluant l’Écosse, le Pays de Galle et l’Irlande du Nord aurait envoyé un signal différent. De plus, le Labour n’a perdu que 300 conseillers sur 19 000 élus locaux. C’est moins que les 400 pronostiqués jusqu’à la veille du scrutin. Et c’est peu au regard du tremblement de terre (800 sièges) subi par les Tories en 1968, qui perdirent alors toutes les grandes villes. En 2006, les conservateurs n’ont pas mordu sur les grands bastions travaillistes du Nord, tels Manchester et Liverpool, dont la prise leur aurait potentiellement ouvert la voie à une victoire aux législatives de 2009-2010. Par ailleurs, dans quelle mesure ces 176 élections locales peuvent-elles être résumées en un message national ? Enfin, traditionnellement, les conservateurs bénéficient d’une bonne implantation locale qui leur garantit des scrutins plus favorables. Ainsi, en 2004, le Labour était déjà troisième derrière le Parti Conservateur et les LibDem.

      Néanmoins, la déception est incontestable. En 1997, le Labour incarnait l’espoir : sa réinvention semblait une révolution comparable à la création du parti conservateur 160 ans auparavant. Le parti travailliste s’adressait à de nouvelles strates sociales, redéfinissait sa relation au capitalisme moderne, s’engageait pour une réforme moderne et en faveur de l’Europe. Dix ans plus tard, les électeurs, déçus, se sont détournés, préférant un autre parti ou le plus fort d’entre eux, l’abstention : ainsi, seuls 36% des votants se sont déplacés jeudi dernier (-3% par rapport à 2004). Les Britanniques dénoncent l’autisme du petit village de Westminster, l’arrogance des dirigeants, leurs promesses non tenues et leur trahison. Le verdict est tranché :

      « Si le New Labour fait fuir en masse les électeurs ouvriers, c’est qu’il s’efforce de "détravailliser" les travaillistes (to out-Tory the Tories). Les ouvriers et les ouvrières ont besoin de politiques publiques qui placent leurs intérêts en premier, et pas de ces politiques travaillistes qui ont échoué, comme la privatisation, le partenariat public privé et l’allégeance aux quatre volontés du grand patronat. » (Bob Crow, secrétaire général du syndicat Rail Maritime and Transport)

      Se profile ainsi une défaite massive. Au plan électoral, ce scrutin appelle trois conclusions.

      1. 1. Élection après élection, la position du Labour paraît de plus en plus difficile à rétablir.
      2. 2. Les conservateurs ont le vent en poupe pour les élections générales de 2009.
      3. 3. Les Libéraux Démocrates ne semblent pas en position de jouer les arbitres au sein du prochain parlement. Au total, ces facteurs laissent penser que les conservateurs pourraient bien obtenir une victoire tranchée aux prochaines législatives, débouchant sur un gouvernement sans compromis.

      La Droite dure : du renouvellement au relèvement

      Les conservateurs se rétablissent. En atteignant le seuil psychologique des 40%, ils enregistrent leur première grande victoire depuis 1992. Une projection de la chaîne télévisée Sky News a suggéré que ce chiffre aurait valu au parti conservateur une majorité de dix sièges à la Chambre des Communes, s’il s’était agi d’une élection générale. Le sentiment général est bien que les conservateurs sont de retour, avec la ferme intention de reprendre le pouvoir. Ce succès est largement imputable au jeune leader du parti, désigné en décembre dernier, David Cameron. Homo novus par l’âge (39 ans) et l’inexpérience (député depuis 2001 seulement), il s’impose comme le Tony Blair de la Droite : un souffle de jeunesse et de renouveau, une promesse de victoire et de modernisation, un primat absolu de la communication et de la rhétorique. Contre les thatchériens attardés, il a réussi à installer son parti au centre droit en le réconciliant avec la classe moyenne et en le déclarant ouvert, « moderne et modéré ». À travers lui, le parti conservateur vit sa renaissance et apparaît comme une alternative sérieuse.

      L’extrême-droite émerge. Le British National Party s’installe dans les quartiers Est de Londres, d’où il chasse le parti travailliste. Avec 44 élus locaux, il a doublé le nombre de ses conseillers en Angleterre. Son émergence a clairement bénéficié des crimes et délits violents perpétrés par des immigrés.

      Au total, la Droite progresse parce qu’elle s’assume et se renouvelle. Nouveaux leaders, comme pour les conservateurs et les libéraux-démocrates, nouveau positionnement, nouveau programme : l’opposition tout à la fois s’assume et s’adapte. Au contraire, guère plus « New » et moins « Labour » que jamais, le parti travailliste témoigne d’une dichotomie croissante entre discours et faits. Il s’enferre dans une interminable fin de règne qui vire au ressassement.

      Un leader travailliste usé à force d’abuser

      Le facteur conjoncturel : un soupçon de corruption

      Certes, un scandale sexuel bien anglo-saxon irrigue les tabloïds depuis des semaines. À 67 ans, le vice-Premier ministre John Prescott, figure emblématique des travaillistes et référence populaire, s’est vu contraint d’avouer une liaison extraconjugale de deux ans avec sa secrétaire. Ces révélations ont fait les choux gras de l’Angleterre avec force détails sulfureux complaisamment répercutés, qui ont ridiculisé le ministre. Et Outre-Manche, le scandale sexuel tue.

      Plane aussi un soupçon de corruption en faveur de Berlusconi. Le mari du ministre de la Culture, Tessa Jowell, aurait été grassement rétribué contre un faux témoignage en faveur de Silvio Berlusconi. Aussi la ministre a-t-elle fait l’objet de violentes attaques.

      Tony Blair aurait par trop récompensé ses « sponsors ». En échange de dons et prêts secrets reçus pour le financement de sa dernière campagne électorale, il aurait octroyé à ses financiers occultes décorations et sièges à la Chambre des Lords.

      Mais ces explications ponctuelles restent à portée limitée. Dans sa grande majorité, l’électorat, notamment populaire, a moins voulu sanctionner des frasques qu’exprimer sa grande lassitude envers un pouvoir qui le délaisse depuis trop longtemps déjà.

      Le facteur temporel : Tony Blair à bout de souffle

      10 ans, ça suffit. Blair n’échappe pas à ce syndrome. Premier ministre à 43 ans, le jeune conquérant et vainqueur récurrent apparaît désormais comme un boulet handicapant. Au sein du parti travailliste, des voix toujours plus nombreuses réclament un changement de chef, en faveur du ministre des finances Gordon Brown. Le Premier ministre avait annoncé qu’il passerait la main avant la fin de son troisième mandat en 2009 ou 2010 ; il se voit désormais pressé par les siens d’annoncer clairement sa date de sortie.

      Blair pratique le remaniement en trompe-l’œil. Confronté à une grave défaite électorale, Macmillan avait limogé sept ministres, épisode qualifié à l’époque de nouvelle « nuit des longs couteaux ». Pour donner l’illusion du changement, Blair a remanié son gouvernement au lendemain de l’élection, en ne conservant que six ministres à leur poste. Le Guardian a aussitôt désigné ce coup médiatique comme « matin de la courte-paille » (« Morning of the Short Straws »). Par ce geste tranché, le Premier ministre escompte provoquer une triple illusion.

      1. 1. Impressionner le public par cette vaste réorganisation gouvernementale afin de faire oublier les mauvais résultats. À cet égard, l’effet a été relativement réussi, les journaux britanniques commentant à longueur de colonnes le remaniement ministériel.
      2. 2. Faire croire à un changement radical de politique alors que le chef du gouvernement demeure inchangé, et entouré de ses fidèles.
      3. 3 Au sein du parti travailliste, marquer son autorité par la terreur en faisant tomber le maximum de têtes, alors que plusieurs de ces évictions n’étaient que des coups forcés (Prescott de toutes façons discrédité par sa liaison extraconjugale, Clarke par ses faux pas laxistes à l’Intérieur, Straw par la guerre en Irak imposée au Foreign Office).

      La bunkérisation est manifeste, tout comme l’immobilisme. Bien qu’il ait appelé son parti à « tirer les justes leçons » de cette défaite, Blair semble s’exonérer de cette remise en cause. Son jeu de chaises musicales au gouvernement relève de la pure cosmétique. En nommant, pour la première fois en 224 ans, une femme Ministre des Affaires Étrangères (Margaret Beckett), il escompte par exemple que le sexe tiendra lieu de programme, et la promotion paritaire, de progressisme. Blair recycle ses fidèles, tel John Reid, supporter inconditionnel et véritable fait-tout blairite, qui trouve au ministère de l’Intérieur son huitième maroquin travailliste.

      Un cabinet de fin de règne. Malgré sa promesse de céder à Brown sa place avant la fin de la législature, Blair signifie qu’il n’a pas l’intention de partir. En s’entourant quasi-exclusivement de sa vieille garde, le Premier ministre tient à distance la nouvelle génération, alors qu’il tenait là l’occasion et le devoir de la former aux responsabilités. Loin de préparer la transition vers un nouveau leader, il s’est composé une équipe de fin de règne pour achever son mandat en solitaire – après lui, le déluge. Le signal est clair : ce cabinet n’a pas pour mission de passer le relais à Brown mais de faire passer Blair à la postérité.

      Résultat : un esprit de mutinerie soude le parti travailliste. Désormais, les Brownites ne sont plus les seuls à comploter pour précipiter le départ du Premier ministre. Jusqu’alors, coexistaient trois courants en révolte contre Blair, mais distincts voire opposés : l’aile gauche radicale du Campaign Group, généralement hostile à Brown ; le Compass Group, composé de travaillistes indépendants et légitimistes, situés à la gauche du parti, tels l’ex-ministre Michael Meacher ; et le courant organisé et discipliné des fidèles du chancelier Brown. L’obstination de Blair à camper sur ses positions et son refus d’envisager son départ sont en train de souder ces groupes jusqu’alors divergents. Des travaillistes pressent Blair d’annoncer la date de son retrait en le menaçant de publier une pétition signée par 50 voire 75 députés de son camp. Blair risquerait alors de finir comme Thatcher, poignardé par son propre parti pour cause de surdité et d’arrogance.

      Un vote sanction contre des choix toujours plus droitiers

      À l’extérieur, un atlantisme forcené

      L’électorat de gauche ne pardonne pas à Blair la guerre en Irak. Nombre de Britanniques ont mal vécu la sujétion inconditionnelle aux États-Unis et l’absence de consultation populaire, l’entêtement dans la mauvaise foi et la mort chronique de leurs enfants soldats envoyés en Irak. En février 2003, la grande manifestation contre la guerre avait mobilisé 2 millions de Londoniens. À cause de l’intervention en Irak, des catégories entières se sont massivement détournées du New Labour : jeunes, femmes, ouvriers. Les conservateurs ne s’y sont pas trompés : David Cameron a ainsi déclaré qu’il ferait voter une loi imposant au Premier ministre de consulter le Parlement avant toute déclaration de guerre.

      Une société plus dangereuse et plus injuste

      Un gouvernement faible contre le crime... Afin de ne pas laisser aux conservateurs le monopole de la sécurité, Tony Blair avait brandi le slogan : « Nous serons durs avec le crime, et durs avec les causes du crime ». Il prétendait ainsi allier l’ordre à la justice. Les Britanniques n’ont eu ni l’un, ni l’autre. Événement éloquent, alors que la lutte contre la criminalité constituait un fer de lance du programme blairiste, à une semaine des élections, le ministre de l’Intérieur Charles Clarke a été forcé d’admettre que 1 023 criminels étrangers (dont 79 cas graves, meurtriers, violeurs, etc.) avaient été libérés de prison sans que soit examinée la question de leur expulsion ou de leur rapatriement, point que le ministère aurait pourtant dû envisager. Le bilan de la politique sécuritaire travailliste, c’est un système pénitencier au bord de l’explosion, une politique contradictoire de l’immigration suscitant la défiance de la population, et un projet de carte d’identité qui provoque les réticences.

      ... et faible contre les causes du crime. Le « modèle multiculturel » britannique est au plus mal. Les Anglais ont été choqués d’apprendre que des terroristes de l’attentat de Londres avaient grandi sur leur sol et été formés dans leurs écoles. La relations intercommunautaires se sont tendues. Face à ces enjeux, le gouvernement travailliste n’a pas su apporter des réponses satisfaisantes. A contrario, beaucoup ne voient pas où passent les fonds massifs accordés à la « régénération » des quartiers. Et c’est évidemment à travers le traitement des services publics que s’expérimente l’injustice quotidienne croissante.

      Les services publics : du faux espoir au déclin prémédité

      Sous couvert d’esprit public, la logique privée triomphe. De fait, Blair n’a pas rompu avec le thatchérisme mais en a assumé en grande partie l’héritage. Les services publics en offrent une illustration évidente. Le New Labour a prolongé la privatisation des entreprises publiques initiée avant lui par les conservateurs. Il a fait du partenariat public-privé (PPP) son outil de prédilection : des missions de service public se voient ainsi confiées à des sociétés privées. Or, le PPP a fait l’objet de critiques justifiées dans la mesure où il impose les critères du privé : non-universalité, logique de rentabilité qui supplante l’esprit de service public, hausse des coûts pour l’usager, compression des coûts pour l’employeur par l’emploi d’un personnel non-qualifié et sous-payé, etc. Ces effets se font sentir dans de multiples domaines : écoles, hôpitaux, métro londonien, prisons...

      Les hôpitaux peu charitables. Lorsque les travaillistes arrivèrent au pouvoir, ils trouvèrent un système de santé britannique effondré, méthodiquement démantelé par Thatcher. Candidat, Blair avait promis une réforme complète garantissant l’octroi de soins gratuits à tout résident au Royaume-Uni. Or, l’effort financier pour la santé demeure très inférieur à l’objectif promis (9,5% du PIB). Le bilan s’avère sombre : réduction du budget des hôpitaux et privatisation rampante, hausse constante de leurs coûts de fonctionnement, crise des « fondations hospitalières » avec licenciements massifs en vue. Les délais d’attente ont médiocrement diminué : il faut toujours plusieurs mois pour pouvoir subir une opération vitale ou recevoir des traitements pour un cancer, qui sera déjà irrémédiable lorsque l’on pourra enfin consulter...

      Des écoles privées d’égalité. Blair a imposé sa réforme de l’enseignement secondaire au Parlement en la faisant voter par les conservateurs, contre une partie de son propre camp (52 parlementaires travaillistes ont voté contre cette loi). Désormais, les écoles publiques peuvent nouer des partenariats avec des entreprises privées, associations caritatives et groupes religieux. Cela signifie que les partenaires privés sont désormais au cœur du système éducatif et contribuent à déterminer les programmes, méthodes, pédagogies, modalités de gestion, etc. Leurs motivations vont de la philanthropie à la promotion commerciale, en passant par la formation d’une main d’œuvre spécialisée ou la diffusion idéologique. Sous couvert de mécénat, l’école devient donc à finalité lucrative. Le très libéral The Economist ne s’y est pas trompé, qui félicite Blair en ces termes : « La réussite principale de M. Blair a été de consolider les réformes de marché lancées par Mme Thatcher et, après un premier mandat gâché, de les avoir étendues aux domaines de la santé et de l’éducation. » Résultat, certains collèges se spécialisent dans une discipline particulière (dont « affaires et entreprises »), selon les choix de leur mécène, ce qui implique une formation minimaliste, strictement utilitaire, et dont les premières victimes seront naturellement les enfants issus des couches populaires.

      La ville est toujours aussi difficile à vivre. Plus généralement, les électeurs ont aussi manifesté leur ras-le-bol face à la non-prise en compte de leurs problèmes quotidiens par les pouvoirs publics. Ainsi de l’éclairage public, défaillant, laissant des zones entières dans l’ombre. Ainsi du métro londonien, qui peut mettre 50 minutes ou trois heures, en fonction des intempéries, pluie ou chaleur, toujours bondé, souvent irrespirable, généralement un cauchemar (notamment la terrible « Northern Line », qui relie Londres à ses banlieues sud).

      Au bout du compte, Blair paye son grand écart entre ses promesses et ses réalisations. « More schools, more hospitals ». Tel avait été son programme de grandes réformes, simple voire simpliste. Cet engagement d’un grand changement en matière de services publics ne s’est pas concrétisé, qu’il s’agisse d’écoles, d’hôpitaux ou de transports, privatisés, abandonnés, dégradés. « Tough on crime, tough on the causes of crime » : là encore, la réalité a balayé le slogan. De manière générale, le fossé entre rhétorique progressiste et pratique libérale est devenu si criant que les électeurs préfèrent l’original à la copie, ou, au mieux, le refuge dans l’abstention.

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      Garutti Gérald
      Wormser Gérard masculin
      Les élections locales de mai 2006 en Angleterre : un révélateur de l'échec du New Labour
      Garutti Gérald
      Département des littératures de langue française
      2104-3272
      Sens public 2006-05-25

      Gérald Garutti propose ici un bilan de la gouvernance britannique de Tony Blair après analyse de l’élection locale de mai 2006, dont il fait un moment symbolique.

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